L'ARMÉNIE DANS LA TOURMENTE
Le 10 novembre, un cessez-le feu a été conclu entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sous l’égide de la Russie. Un cessez-le feu est un accord concernant l’arrêt officiel des combats entre deux belligérants. Il y a donc une guerre dans le Caucase ?
Le Caucase est une région montagneuse qui sépare la mer Noire de la mer Caspienne. Au Nord se trouve la Russie (et d’autres pays dépendants de la Fédération de Russie, tels que la Tchétchénie), au sud, trois pays : Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan. Au sud de ces trois pays se trouvent l’Iran et la Turquie. Le Caucase est souvent considéré comme la zone limite entre Europe et Asie. Du point de vue religieux, c’est aussi la zone frontière entre le monde chrétien (Russie, Géorgie, Arménie) et le monde musulman (Azerbaïdjan, Turquie, Iran).
La République d’Artsakh est une enclave arménienne à l’intérieur d’un autre pays, l’Azerbaïdjan. L’Artsakh (ou Haut-Karabakh) est une ancienne province de la grande Arménie, beaucoup plus vaste que l’Arménie actuelle et qui s’étendait loin à l’Ouest dans l’actuelle Turquie. L’Artsakh se situe à l’est de l’Arménie, sur le territoire de l’Azerbaïdjan.
L’Arménie, dont le roi se convertit au début du IVe siècle, est probablement le plus ancien état chrétien du monde. L’Azerbaïdjan est devenu indépendant en 1918. Cette république a connu bien des vicissitudes : envahie par l’Armée rouge en 1920, elle reprend son indépendance à la dissolution de l’URSS en 1991. Sa population, les Azéris, est majoritairement musulmane chiite, comme son voisin iranien. Le Haut-Karabakh, majoritairement peuplé d’Arméniens (et d’Azéris) a aussi proclamé son indépendance dès 1988. Depuis, ce territoire, historiquement arménien, majoritairement peuplé d’Arméniens, situé à l’intérieur de l’Azerbaïdjan, est en conflit récurrent avec ce dernier. La situation paraît inextricable.
Le 27 septembre, après des mois de provocations réciproques, l’Azerbaïdjan bombarde la capitale de l’Artsakh. La population arménienne prend les armes pour défendre ce territoire. Toute la zone s’enflamme. Le rapport des forces est très inégal : l’Azerbaïdjan compte dix millions d’habitants, l’Artsakh 150 000. On parle de 1 500 combattants arméniens tombés en quelques semaines. Il y en eut sans doute beaucoup plus. Selon les conditions du cessez-le-feu, la République d’Artsakh perd une grande partie de son territoire et de nombreux Arméniens devront quitter leurs terres.
Honneur à tous les Arméniens tombés les armes à la main pour défendre leur terre, leur montagne, leurs monastères ! Ils ont écrit en lettres de sang un nouveau et glorieux chapitre au livre de la résistance et de la foi.
Un siècle après le génocide (1,3 million de morts en 1915-1916), perpétré par le gouvernement Jeunes-Turcs, l’Arménie est à nouveau dans la tourmente… Comme les autres chrétientés du monde oriental qui souffrent de la guerre ou de l’oppression (en Irak, en Syrie, au Liban ou en Égypte), les Arméniens ont besoin de notre soutien et de nos prières.
Père Augustin-Marie Aubry pour Actuailes