Prix : 15,00 €
308 pages
En quel sens la discipline canonique, entendue comme l’ensemble des lois et coutumes de l’Église, reflète-t-elle la foi de cette dernière ? Quel est le rapport entre la discipline, confiée dans l’Église au pouvoir de gouvernement, et la doctrine révélée, confiée au pouvoir de magistère ? Dans quelle mesure une norme canonique peut-elle comporter un enseignement, posséder une valeur magistérielle ? Comment délimiter avec précision la vérité enseignée dans un texte ou une pratique disciplinaire ? Comment discerner son degré d’autorité ? Est-il possible d’établir des règles d’interprétation théologique des lois et coutumes de l’Église ? Telles sont les nombreuses questions auxquelles le présent ouvrage s’efforce de répondre, en prenant pour guide saint Thomas d’Aquin.
Une première partie est consacrée à établir la distinction formelle des deux objets (doctrine et discipline) et des deux pouvoirs correspondants (magistère et gouvernement), tout en soulignant leurs possibles interférences. Elle met en évidence que c’est l’objet visé qui est déterminant pour savoir quel pouvoir intervient, selon une assistance spécifique. À partir du moment où l’objet de la discipline touche au dépôt révélé, le magistère est appelé à s’exercer en concomitance avec la juridiction.
C’est cet exercice que s’efforce de décrire la seconde partie. On considère tout d’abord si, et comment, le magistère peut s’exercer dans la discipline au niveau maximum, c’est-à-dire jusqu’à l’infaillibilité. Pour cela, on examine le sens et la portée d’une thèse classique de la théologie, qui affirme l’infaillibilité de l’Église dans sa discipline universelle. Après avoir considéré cet engagement maximum du magistère dans la discipline, sont envisagés les degrés inférieurs d’engagement, lorsqu’entre dans l’objet visé davantage de contingence.
Après les débats suscités dans l’Église par l’exhortation apostolique Amoris lætitia, au sujet de l’admission aux sacrements des fidèles vivant des situations matrimoniales irrégulières, cet ouvrage sur les rapports entre la doctrine et la discipline vient particulièrement à son heure.
Le frère Réginald-Marie Rivoire, né en 1973, est religieux dans la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier. Diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Paris, il est aussi titulaire d’un Diplôme d’études approfondies de droit privé (Université Paris I Panthéon-Sorbonne) et d’une licence de philosophie (IPC – Paris IV Sorbonne). Après son ordination sacerdotale, il a obtenu sa licence en droit canonique à l’Institut catholique de Paris. Le présent travail est le fruit de sa thèse de doctorat en droit canonique, soutenue le 8 mars 2016 à l’Université pontificale de la Sainte-Croix (Rome). Actuellement, le père Réginald se consacre principalement à l’enseignement du droit canonique et à la prédication de retraites
Extrait de la préface de Mgr Carlos José Errázuriz M., Université pontificale de la Sainte-Croix
« Il a fallu au fr. Réginald-Marie Rivoire une bonne dose de courage pour entreprendre et achever avec succès une thèse de doctorat sur La valeur doctrinale de la discipline canonique, en centrant sa recherche sur L’engagement du magistère dans les lois et coutumes de l’Église. Bien qu’il s’agisse d’un de ces thèmes très présents dans les débats théoriques et pratiques sur les questions ecclésiales touchant au domaine juridique, bien peu sont ceux qui osent s’y aventurer de façon complète et approfondie, encore moins en produisant une monographie comme le présent travail. Ce phénomène est bien compréhensible, car pour atteindre au but, il faut être capable de relier entre eux de nombreux fils, et surtout, posséder une vision d’ensemble suffisamment mûre. La première qualité de ce travail est donc sa forte originalité.
À cela s’ajoute sa grande actualité. Le dialogue suscité dans l’Église sur le mariage et la famille à l’occasion des synodes convoqués par le pape François et de son exhortation apostolique postsynodale Amoris lætitia – en particulier au sujet de l’admission aux sacrements des fidèles vivant des situations matrimoniales dites irrégulières –, a montré à quel point les rapports entre doctrine et discipline constituent une thématique fondamentale pour déterminer la pratique ecclésiale. […]
Au-delà des nombreux aspects particuliers dans lesquels on perçoit dans cette thèse l’influence de saint Thomas d’Aquin, il me semble qu’il y a d’une manière générale chez le fr. Réginald-Marie Rivoire une identification vitale avec le réalisme du Docteur angélique. De ce dernier, saint Jean-Paul II disait : « Précisément parce qu’il cherchait la vérité sans réserve, il sut, dans son réalisme, en reconnaître l’objectivité. Sa philosophie est vraiment celle de l’être et non du simple apparaître » (encyclique Fides et ratio, 14 septembre 1998, n° 44). C’est une remarque que l’on peut étendre à la théologie de saint Thomas, et qui, je l’espère, pourra continuer à s’appliquer aux futurs travaux de droit canonique du P. Rivoire. »