Chémeré, 5 mai 2019, 2e dim. après Pâques
Le « Pasteur et gardien de nos âmes », comme l’appelle saint Pierre, (1 P 2, 25), c’est Jésus ; les brebis, ce sont les hommes ; les brebis qui écoutent la voix du Pasteur, ce sont les fidèles. D’abord errantes, les brebis se rassemblent dans l’unité « d’un seul troupeau » sous la houlette et à la voix de l’unique Pasteur.
Intéressons-nous à ce Pasteur, notre Pasteur, le « chef de notre foi » (He 12, 2), Jésus-Christ. Que nous est-il dit de ce Pasteur ? La Vérité a dit : « Je suis le Bon pasteur ». Quand Jésus parle, c’est Dieu qui parle. Quand Jésus parle, je crois. Je crois donc de toute la force de mon âme qu’il est vraiment, comme il le dit, un « bon » pasteur. Sentez-vous toute la force de ce mot, un « bon » pasteur ?
Cet adjectif « bon » traduit le mot grec kalos, ce mot qu’on retrouve dans « calligraphie », l’art de bien former les caractères et qui fait dire « vous avez une belle écriture ». Une belle écriture est agréable à voir et facilite la lecture. Ainsi notre pasteur est-il « kalos » : non seulement bon, mais « beau » et plus encore « vrai ». Le « bon » Pasteur est un « vrai » Pasteur. Et s’il est un vrai pasteur, il s’occupera de vraies brebis. Qu’est-ce qu’un vrai pasteur ? Qu’est-ce qu’une vraie brebis ?
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I. Un vrai Pasteur
Jésus-Christ, notre Dieu, est un vrai Pasteur. Il n’a pas fait semblant de s’intéresser à ces brebis. Le faux pasteur ressemble au vrai, mais son esprit est différent : « Viens, petite brebis, veux-tu que je te mène au pâturage ? Tu y trouveras de l’herbe verte et une eau pure » ; mais, en même temps, il pense à tout autre chose. Il pense à la laine qu’il va pouvoir récupérer sur sa brebis. Combien de kilos de laine sur cette petite brebis ? Il pense au bon repas qu’il fera avec sa bonne petite brebis. Combien de kilos de viande avec cette petite brebis ?
Le vrai pasteur considère autrement sa brebis : il ne la voit pas pour ce qu’elle lui rapporte, mais il voit ce qu’il lui apporte. « Je vais lui consacrer tout mon temps, c’est-à-dire toute ma vie, de ma naissance à ma mort sur la croix. Je vais lui enseigner les choses les plus importantes qui soient, car je connais la bergerie, là où je dois mener toutes mes brebis : les pâturages éternels. Et comme mes brebis ont été dispersées, comme elles se sont écartées du troupeau par la désobéissance du péché, je vais partir à leur recherche. Je vais chercher chacune d’entre elles, une par une. Car je les connais toutes. Non pas en général, comme un troupeau ; mais en particulier, singulièrement. Je connais leurs défauts, leurs qualités, les grosses, les petites, les rapides, les retardataires. Toutes, je les connais par leur nom. C’est moi qui les ai nommées, mes petites brebis, et leurs noms sont inscrits dans le Livre de Vie. Si elles restent avec moi. »
Vois comme il prend au sérieux son office de pasteur. Un éleveur de la terre, bien consciencieux, bien travailleur, peut bien aimer ses brebis et leur consacrer du temps, aucun ne donnera sa vie, aucune ne « posera son âme » (Jn 10, 11) pour ses brebis. Jésus-Christ l’a fait. Pour toi. Il s’est livré et s’est offert en sacrifice pour le rachat des brebis. Un vrai Pasteur est un pasteur qui tient ses promesses.
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II. Une vraie brebis
Qu’attend le Pasteur de sa brebis ? Qu’attend le vrai pasteur d’une vraie brebis ? Pas une brebis galeuse, ou un loup sous une peau de brebis. La brebis galeuse est une brebis malade. Sa maladie, c’est le péché. Elle se sent bien au milieu du troupeau, mais elle s’y cache. Elle profite du troupeau pour n’être pas vue par le pasteur. Elle sait bien qu’elle se trompe elle-même, car elle est bien consciente que le Pasteur la voit et qu’il connaît sa maladie et connaît le remède. Mais elle craint le traitement, elle veut garder sa gale. Et le Pasteur s’en afflige, il patiente. Il hésite parfois à séparer la brebis malade du troupeau pour éviter la contagion… Et le loup sous la peau de brebis, c’est celui qui en veut aux brebis et au pasteur. Il est au milieu des brebis, mais il n’a pas l’esprit du Christ : il ne veut pas suivre sa voix et sa houlette ; il ne veut pas suivre ses commandements, il ne veut pas écouter ses enseignements. Il est là comme n’y étant pas, sous sa peau de brebis.
Qu’attend donc le vrai pasteur d’une vraie brebis ? Une vraie brebis, c’est une brebis qui suit le Pasteur, qui écoute sa voix, qui se laisse guider jusqu’à la bergerie.
D’une vraie brebis, le pasteur attend qu’elle ne s’écarte pas du troupeau. Et c’est la vertu d’obéissance qui fait que la brebis garde sa place. C’est en gardant les commandements de Dieu que le fidèle manifeste au Pasteur son obéissance.
Ensuite, le Pasteur cherche à faire avec la multitude des brebis, qui en font souvent à leur tête et comme il leur chante, un seul troupeau. Et c’est la charité qui unit et garde dans l’unité les fidèles du Christ. Nombreuses sont aujourd’hui les raisons de division ; ce qui fait l’unité est un et c’est la charité. Elle nous vient du Pasteur, qui s’est livré pour nous. Elle se diffuse et se communique dans les membres de l’Église qui sont fidèles à l’unique Pasteur.
Enfin, puisque le Pasteur est unique, unique est sa voix, unique son enseignement. Et les brebis fidèles doivent garder fidèlement l’enseignement reçu du Pasteur. Et c’est la foi qui nous tiendra dans l’unité.
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Le vrai pasteur livre sa vie pour ses brebis. Les vraies brebis répondent à son amour, par leur obéissance, leur charité et leur foi. « Vous étiez comme des brebis errantes ; mais à présent vous êtes revenus au pasteur et gardien de vos âmes » (1 P 2, 25). Le vrai Pasteur a prouvé en sa Passion combien il nous aime. Répondons à son amour en lui étant, quoi qu’il en coûte, toujours fidèles.